L'ascenseur n° 1

Le canal du Centre relie le canal de Charleroi à Bruxelles à celui de Mons à Condé. Les travaux débutent en 1885 par la construction de l'ascenseur au départ de cette nouvelle voie d'eau. 

Situé à 121,50 m d'altitude, il reprend une chute de 15,397 m. Les plans sont dus à l'ingénieur anglais concepteur de l'ascenseur d'Anderton, assisté d'une équipe de collègues belges dirigés par Jean Kraft de la Saulx de la société Cockerill qui réalise l'infrastructure. L'ascenseur comporte deux bacs mus chacun par une presse hydraulique constituée d'un cylindre contenant un piston en fonte de 19 m de hauteur. Les bacs en tôle – d'une longueur de 43 m avec une largeur de 5,80 m et une hauteur de 3,15 m – sont supportés par des charpentes en treillis. Le sas d'amont est précédé d'un pont-canal métallique. À leurs extrémités, les sas sont fermés par des portes en tôle assurant l'étanchéité. 

Les deux presses sont reliées par une tuyauterie de telle façon que, si un bac descend, l'eau chassée de sa presse passe dans l'autre presse et force le bac voisin à monter. Pour faire monter le bac situé au niveau inférieur, il suffit d'augmenter – en y admettant une surcharge d'eau de 30 cm, soit 74 t – le poids du bac situé au niveau du bief supérieur. C'est le principe de la balance. L'ensemble des opérations dure environ vingt-huit minutes. Le bâtiment abritant les machines fournissant l'eau sous pression se trouve sous le pont-canal du bief amont. 

Cet ascenseur dit « de La Louvière » est inauguré le 4 juin 1888 en présence de Léopold II. Les travaux se poursuivent par des terrassements en vue d'assurer la liaison avec les ascenseurs n° 2 et 3. En attendant, pendant vingt-neuf ans, l'ascenseur de La Louvière ne fonctionne, de manière parfaite, que pour le seul plaisir des badauds et des techniciens venus admirer cette prouesse du génie civil belge.

Yves Quairiaux