Maison Oury

Dans un plan orthogonal groupant services et circulations vers l'esplanade d'entrée, une disposition limpide en « L » sépare – assemble – les espaces de séjour au sud, un bureau et un logement de concierge à l'ouest. La tripartition des espaces extérieurs profite du site, un ancien parc, et donne ampleur à une  volumétrie épurée, adoucie par les faibles pentes des toitures. 

La partie avec étage de chambres stabilise la composition, les autres éléments s'y joignant de manière franche, y compris le carport (aujourd'hui double garage) prolongé par une clôture ajourée. Importateur de bois, le propriétaire souhaitait une construction en grande part dans ce matériau, ce qui a conduit à un système mixte, les pignons et les refends, tout ou en partie en maçonnerie, les façades longitudinales et les cloisons à dominante bois. 

Le béton armé du haut du rez-de-chaussée s'avance en terrasse continue devant les chambres. Des oppositions nettes semblent régir ce dispositif : ouvert-fermé, haut-bas, brique-bois, principal-service, etc., mais l'agencement est plus complexe qu'il n'y paraît. Les techniques ont une expression tantôt rigide (béton), tantôt différenciée (bois) ou plus neutre (brique), mais une poétique des passages et des vues, ainsi que la partition simple et pragmatique des ouvertures, vivifient un organigramme conçu pour une dizaine de personnes, le semant d'exceptions à la règle. Outre la maîtrise des principes de base, une élégance tient à l'usage franc et nuancé des matériaux, dans une évidence libre d'a priori formels. 

Pour la firme Orban-Bois, dont le directeur est ici le commanditaire, l'architecte a construit plus tard un magasin à Jemeppe-sur-Meuse (1968-1969).

Raymond Balau