Mons Memorial Museum (MMM)

Centre d'interprétation

1870 - 1871 1870 - 1871 1985 1985 2011 - 2015 2011 - 2015 2011 - 2015
Réalisé

En 1864, les remparts de Mons sont démolis, tournant la page du système défensif intériorisé au profit d'un décloisonnement spatial ponctué d'équipements civils, symboles de progrès, comme ici pour l'alimentation en eau potable de la ville. Abritant la station de pompage du barrage – alimenté par la Trouille dont le cours est dévié –, la Machine à eau (Englebert et Carrez, 1871) est constituée d'un grand volume de 315 m², doté de six fermes métalliques, d'une façade légère en fonte, fer et verre, épaulée par deux volumes secondaires en briques et pierre. 

Démantelée à partir de 1961, rénovée en 1994, elle trouve ici sa réaffectation définitive. L'histoire, l'urbanisme et la mémoire ont guidé le projet actuel – associant les historiens Emmanuel Debruyne et José Gotovitch – sur plus de 3 000 m². Le parcours muséal permanent (Winston spriet et Martial Prévert muséographes) suit la chronologie de l'histoire singulière de la ville. Les témoignages du vécu quotidien des soldats et des civils des deux guerres mondiales forment le fil conducteur de la visite, animant les objets présentés au départ des réalités vécues à Mons, proches de celles, universelles, ressenties dans d'autres régions de Belgique. 

L'ancien édifice devient le point d'accueil et de départ des visites. Les espaces indéfinis qui l'entourent sont requalifiés par un nouveau front bâti contigu formé de deux ailes, à l'angle du boulevard, dont les gabarits s'inscrivent dans la continuité typologique du quartier sans singer son identité propre. La lumière abondante de la Machine à eau est exploitée pour exposer les périodes de liberté. Ailleurs, dosée, colorée, elle accompagne le parcours sensoriel en pente douce des visiteurs au travers des périodes de conflit. Les ouvertures, placées en des points stratégiques, cadrent le regard vers l'extérieur. 

Récurrence de l'œuvre des architectes, la conception spatiale s'épanouit dans le traitement formel, valorisant les trois matériaux du lieu existant : le verre des nouvelles brèches en rappel des meneaux des grandes verrières, la brique enduite pour les extensions monolithiques sur le tracé des anciens remparts et l'acier, symbole guerrier autant que de prospérité industrielle, pour le mobilier scénographique (Christian Barani). 

Les abords directs sont requalifiés : accès au bord de l'étang, au nouveau jardin planté d'essences évocatrices (hêtre pourpre, érable du Canada, coquelicots en hommage aux poppies anglo-saxons) et à l'espace mémoriel aménagé sous le porte-à-faux nord, avenue du Pont Rouge, symbolique du difficile équilibre pour tendre à la paix.

Jean Doulliez

Sources
Archives de l'atelier d'architecture Pierre Hebbelinck - Pierre de Wit : Dossier centre d'interprétation d'histoire militaire.
Duplat Guy, «Guerre et paix à Mons qui s’offre un nouveau musée militaire» dans La Libre, 15 janvier, 2014.
La Machine à Eau, essai de réhabilitation d’un immeuble classé – Projets, Institut supérieur d’Architecture (ISAM), juin 1978.
«La machine à eau du bloulevard Dolez à Mons» dans Nouvelles du patrimoine, n° 57, 1994, p.27.
Piérard Christiane, De l'éclectisme au post-modernisme. Deux cent cinquante ans d'architecture à Mons, Mons, 2012.
Un siècle d’architecture moderne, Journées du patrimoine 11-12 septembre 1999, 1999.
Mons, coll. Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Bruxelles, Mardaga, 2011.
«La machine à eau.» dans A+, n° 57, avril, 1979, p.13-17.