sur une parcelle d'angle, l'architecte bruxellois – figure incontournable de l'Art nouveau, élève de Paul Hankar et d'Alban Chambon, auteur des célèbres cinémas Pathé en Belgique – érige ce vaste hôtel de maître pour un ingénieur montois, recourant au béton armé pour le plancher sur cave.
Mis en œuvre par la société Hennebique pour la première fois dans le cadre résidentiel à Mons, ce mode constructif permet de créer par des dalles (hourdis), poutres et colonnes un ensemble monolithique structurel, en raison de la mauvaise qualité du terrain de remblai (anciens remparts démantelés).
Sur le plan décoratif, Paul Hamesse décline un répertoire mêlant l'influence de la sécession viennoise tardive à un vocabulaire éclectique, dans une composition qui s'inscrit en parfaite continuité avec plusieurs habitations à Bruxelles dont il est l'auteur – en particulier la sienne à saint-Gilles (avenue Jef Lambeaux, 1909) – et qui affichent toutes des caractères similaires : enduit en ciment (similipierre) avec parement de pierre bleue et de pierre blanche, décoré d'ornements classiques (balustre, guirlandes) selon le style dit « BeauxArts », enseigné à l'École des Beaux-Arts de Paris.
Abandonnant la règle hygiéniste du XIXe siècle, la porte cochère s'ouvre sur le boulevard à gauche de la bâtisse, ce qui vient garantir la quiétude du jardin dans la rue secondaire. La façade double sépare la porte d'entrée principale sur le boulevard, encadrée d'une solide armature de pilastres remontant jusqu'au linteau du premier étage, de la cage d'escalier de service sur la rue secondaire, dont le léger ressaut, avec ses baies surélevées, traverse la corniche. Pour l'angle, une travée verticale de la bâtisse devient le point d'accrochage d'une bretèche pour le bureau de travail, dont le traitement et le couronnement ne sont pas sans rappeler ceux de l'hôtel Aubecq à Bruxelles (Victor Horta, 18991904).
À l'intérieur, qui est pourvu de boiseries et décors originels, l'organisation fluide et lumineuse des espaces est éclairée autour du noyau du vestibule et de la cage d'escalier par un lanterneau arrière et l'imposte vitrée de la porte d'entrée.
Avec la villa Beau site à Genval (1909), la maison Dosin est la principale œuvre de l'architecte en Wallonie.
Anne Deprez et Thomas Moor
| Sources |
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| Hennaut Éric, Dictionnaire de l'architecture en Belgique : De 1830 à nos jours : Paul Hamesse, Anvers : Fonds Mercator, 2003, p.335-336. |
| Commune de Mons, Section contemporaine, Autorisations de bâtir (1816-1961), Archives de l'État à Mons, n° AEM.01.168/2486/6097, Mons, 1909. |
| «Fonds Bétons Armés Hennebique (BAH)» sur le site Archiwebture, en ligne http://archiwebture.citechaillot.fr/fonds/FRAPN02_BAH49, consulté le 09/10/2013. |
| Mons, coll. Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Bruxelles, Mardaga, 2011. |