Construit en 1531 pour la famille Malapert, le « Blanc Lévrier » est la plus ancienne maison de commerce de la Grand-Place de Mons. Après avoir abrité un commerce de textiles du XIXe siècle à l'entre-deux-guerres, l'immeuble, classé comme monument, passe à la Banque de Paris et des Pays-Bas en 1969, avant d'être cédé à la Banque de Bruxelles en 1974.
Le projet de réhabilitation, immédiatement confié au groupe DFG, est à situer au sein du mouvement pour la protection du patrimoine montois qui se développe dès la fin des années 1960 en réaction aux destructions opérées au nom de l'idéal fonctionnaliste. Fondée en décembre 1969, l'association « Sauvegarde et Avenir de Mons », dont André Godart est cofondateur, s'oppose non seulement à la destruction d'îlots anciens, mais prône également une architecture contextuelle et une restauration sobre des bâtiments historiques pour les adapter aux nécessités nouvelles dans le respect de la Charte de Venise.
Le projet s'inscrit parfaitement dans cette philosophie d'intervention : alors que la façade avant, dont la composition et les décors témoignent de la transition entre gothique tardif et Renaissance, est soigneusement restaurée, comme l'est le fragment de mur d'enceinte du XIIe siècle découvert en fond de parcelle en cours de travaux, la disparition de toute disposition historique à l'intérieur autorise les architectes à une grande liberté de composition : un volume d'acier et de verre, dissocié du mur mitoyen et des vestiges médiévaux, accueille les bureaux et guichets.
En façade, les baies des étages voient leurs croisées de pierre reconstituées sur la base d'observations archéologiques. Au rez-de-chaussée en revanche, l'absence de certitude quant aux dispositions originales, à la suite des modifications apportées par les commerces successifs, conduit les architectes à prolonger jusqu'au sol les moulurations existantes, tout en les simplifiant sensiblement pour garantir la lisibilité de l'intervention. Les châssis en acier peints en noir, très minces, s'effacent pour mettre en valeur la composition des pierres richement sculptées, tout en créant un lien avec les détails des aménagements modernes de l'intérieur.
Claudine Houbart
| Sources |
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| Pierre Farla, Architecte et Urbaniste. Itinéraires, 2002, p.131. |
| Godart André, «Mons : un contexte précis. Évolution des idées et des comportements» dans A+, n° 93, avril, 1986, p.14. |
| Lhoir Maurice, Le Blan Levrié, historique, description, restauration, réalisation. |