Maison chaussée de Maubeuge

Quelques années après la maison de la rue du Delta, Raoul Godfroid s'illustre à nouveau dans une interprétation fidèle des fondamentaux du Mouvement moderne. L'écriture architecturale emprunte singulièrement à l'œuvre tardive d'Henry Van de Velde à Bruxelles : comme dans la Nouvelle Maison (1928) et surtout la maison Wolfers (1929), le volume cubique est souligné par des bandeaux de briques brunes à joints creux appareillées sur chant, adouci aux angles par la courbure de la façade. 

Alignée en front de voirie, l'élévation principale s'incurve pour former les piédroits du portail central d'entrée et se rehausse d'un étage pour créer le volume d'une aile droite latérale, dont le large décrochement surplombe le jardin. Une petite porte discrète pour le personnel de service (à droite) témoigne du mode de vie de la haute bourgeoisie, alors en plein essor durant l'entre-deux-guerres. Par contre, l'aile gauche dissimule, grâce à la construction d'un muret, le bombement de l'aile gauche latérale qui se confond avec la façade arrière. 

Aux numéros 173 et 179, l'architecte réalise quatre logements mitoyens – évoquant le modèle résidentiel hollandais socialement progressif, implantés en recul pour créer un accès au garage souterrain –, à l'architecture tout aussi inspirée, marquée par l'École d'Amsterdam et en particulier le nouveau fonctionnalisme. 

L'utilisation d'un langage architectural simple, essentiellement axé sur la texture de la brique, témoigne d'une appropriation poétique du langage nordique.

Anne Deprez et Thomas Moor