Résidence du Luxembourg

Le commanditaire, entrepreneur, se spécialise dans la construction d'appartements qu'il confie le plus souvent à l'ingénieur-architecte Paul Petit. En 1930, ils réalisent, avenue du Luxembourg (n° 1, résidence Le Rieu), face à l'église Saint-Vincent, l'un des premiers immeubles du genre à Liège, reconnaissable à la décoration exubérante de ses façades Art déco aux influences Renaissance (guirlandes, mascarons, etc.). Destiné aux classes aisées, il compte cinq grands appartements disposant chacun d'espaces réservés aux domestiques, logés dans les combles comme le veut l'usage du XIXe siècle. 

Sept ans plus tard, le rapport qu'entretient la bourgeoisie avec l'architecture moderne en général a évolué, moins dans le plan que dans l'organisation verticale des logements : les chambres de bonne sont désormais à l'entresol, sous les appartements ; la généralisation de l'ascenseur ainsi que la fascination pour l'habitat en hauteur – dont le concepteur est friand, avec un projet de gratte-ciel primé sur la Jonction Nord-Midi à Bruxelles (1937, coll. Georges Moressée) – confèrent aux étages les plus élevés un statut très prisé. Enfin, traduisant l'engouement d'une clientèle plus large pour le modernisme, le dessin gagne en sobriété : décoration minimale et façades aux lignes claires, comme le bandeau vertical en briques de verre de la cage d'escalier. L'équipement est à la pointe : cuisine équipée Cubex, téléphone pour appeler les domestiques, etc.

Sébastien Charlier