Construite à l'initiative de la corporation des bouchers, la Halle aux viandes est un témoin majeur de l'architecture civile liégeoise du milieu du XVIe siècle, avec son vaste volume en deux parties, couvert par la charpente en bois d'origine. Elle conserve sa fonction initiale jusqu'à sa fermeture pour cause d'insalubrité en 1980. 

La Ville de Liège, qui en est propriétaire, entreprend sa restauration une décennie plus tard. Le projet valorise l'héritage patrimonial, maintenant patine et déformations, en l'adaptant aux techniques contemporaines et à son nouveau programme. Les pierres abîmées sont ainsi remplacées, la charpente est restaurée et consolidée, tandis que la toiture en ardoises est restituée sur une nouvelle structure. Les ajouts contemporains évitent le pastiche : lucarnes en verre structurel, châssis en bois et meneaux des fenêtres en acier inoxydable. 

L'aménagement intérieur suit la logique des boîtes gigognes : espaces techniques, bureaux et salles de réunion prennent place dans de nouveaux volumes détachés des structures anciennes, qu'ils servent aussi à stabiliser. Ainsi, la grande mezzanine flotte entre les éléments de la charpente. Au sol, des cerclages vides entourent la base des colonnes. Autour de la halle, la forme de proue de bateau du socle et les deux grands mâts en pin Douglas de 27,5 m de haut évoquent le port primitif de Liège, qui était situé au niveau du quai de la Goffe. Ils cadrent aussi l'espace public en répondant à la verticalité de la Cité administrative.

Laurent Brück

Sources
Barlet Jacques, «Halle du Nord Liège» dans A+, n° 99, 2/88, 1988, p.12-13.
Desaive Pierre-Yves, «Liège : l'ancienne halle aux viandes restaurée» dans Les Nouvelles du Patrimoine, n° N°74, oct-nov-déc, 1997, p.34-35.
Libois Brigitte, «L'ancienne halle aux viandes à Liège» dans A+, n° 153, août-septembre, 1998, p.34-37.