Esplanade Saint-Léonard

Place, esplanade ou square

1994 - 2001 1994 - 2001 1994 - 2001 1994 - 2001
Réalisé

Le site de la prison Saint-Léonard – démolie en 1981 pour un projet autoroutier – occupe une position stratégique : il articule la rencontre du faubourg populaire de Saint-Léonard avec le centre ancien (nord-sud) et empruntant le tracé de l'enceinte médiévale, celle du fleuve avec la colline (est-ouest). 

En 1994, afin de doter d'un plan global ces 6 ha de friche et répondre au désir citoyen d'espace public, la Ville initie un concours d'idées. L'équipe lauréate, retenue parmi cinquante-huit candidats, investit le lieu de façade à façade, autour d'une idée maîtresse : une coulée verte des coteaux à la Meuse, ponctuée de salons urbains définis en « une suite d'espaces publics, traduisant une progression de caractères, de l'urbain à l'intimiste, de l'architecture à la nature ». 

Les auteurs affinent leurs choix au gré de la concertation, multiple, intégrant pouvoirs publics, société civile et habitants. Côté Meuse, aux platanes de la place des Déportés (parking) et des aires pavées qui la jouxtent, succède l'esplanade : sous les sept auvents en cuivre prépatiné – halte par temps de pluie – elle embrasse un large espace en béton ocre, appropriable par tous, décliné en gradins, ceinturé d'érables et de haies. À l'approche des coteaux, des pommiers gagnent pelouses et la plaine de jeux, comme cette passerelle en bois qui enjambe le bassin, empreinte de l'ancienne darse, et qui surplombe à son terme un terrain multi-sports. Le remarquable mobilier est conçu par l'équipe, comme les poubelles et luminaires. Au dessin et à l'entretien élémentaires, il combine acier galvanisé et afzelia, déclinant les différentes positions du corps : chaises longues, pans inclinés, adossoirs, tables de pique-nique et un modèle de banc – la seule pièce de catalogue (Marina de Mobles) adoptée depuis lors par la ville pour ses autres espaces publics. 

Le poème incantatoire d'E. Savitzkaya épouse le sol sur 200 m (acier inoxydable découpé), activant la mémoire archéologique de la muraille et de la porte du XIIIe siècle, sans y être subordonné. Citée en Belgique et à l'étranger, l'esplanade doit son exemplarité tant à la maîtrise des enjeux et leur formalisation par ses concepteurs qu'à la dynamique vertueuse des acteurs publics et citoyens. 

Le projet précède l'ensemble des Coteaux de la Citadelle, qu'il accompagne avec justesse.

Thomas Moor

Sources
Vade-Mecum : Commande d'architecture publique à Bruxelles : Comment choisir un auteur de projet ? Exemples et bonnes pratiques, p.A58-A59.
Baumans Arlette & Beguin Aloys, «L'esplanade Saint-Léonard» dans Les Nouvelles du Patrimoine, n° 94, octobre-novembre-décembre, 2001, p.20-22.