Maison rue Warocqué

Habitation unifamiliale

1908 1908
Réalisé

Le patrimoine de La Louvière est riche non seulement de vestiges de l'ère industrielle, mais aussi de fastueuses maisons bourgeoises. 

En 1895, un nouveau quartier sort de terre grâce à une spéculation immobilière réalisée par Raoul Warocqué, patron charbonnier de Mariemont. Quatre rues perpendiculaires ceinturent un parc, le seul du centre-ville. Tout autour, professions libérales, patrons et cadres d'entreprises florissantes y construisent leurs habitations. Souvent de style éclectique et pittoresque, elles attirent l'attention par des détails décoratifs originaux : sgraffites, éléments ouvragés en fonte, en pierre bleue ou en céramique… L'une d'entre elles se démarque des autres. Sa façade est entièrement décorée de carrelages blancs et verts en faïence émaillée provenant non pas de la faïencerie louviéroise Boch, mais de l'un de ses plus importants concurrents : Hemixhem. La composition de sa façade est originale. Elle compte deux travées asymétriques, deux étages et un toit mansardé qui accueille le logement du personnel de maison. 

Alors qu'habituellement, les autres habitations présentent des éléments en hors-œuvre, tels balcons ou oriels, ici, c'est l'inverse. Les premier et second niveaux ménagent en retrait, sur deux tiers de la largeur de la façade, un dispositif de loggia. Les deux plateaux extérieurs sont reliés par un discret escalier à colimaçon en fonte. Ce dispositif est soutenu au premier étage par deux colonnes élancées en fonte avec des chapiteaux ioniques. Latéralement, la loggia du premier est décorée de deux scènes bucoliques peintes sur des carrelages polychromes. Ces décors apportaient  l'illusion de campagne au cœur de cette cité, alors industrieuse et polluée. Un paon campant au bord d'un lac est le sujet central de l'une d'elles. Cet animal exotique, comme l'architecture dite pittoresque, se réfère au luxe ultime de cette nouvelle bourgeoisie : le voyage. 

Les menuiseries et les grilles en fer forgé sont également très soignées. Sous la corniche du deuxième étage apparaissent trois décors sculptés en relief. Articulant la toiture à pans cassés, deux mansardes couronnent la composition. Dans tous ces détails, l'Art nouveau n'est pas loin. 

Restaurée avec beaucoup de soin à la fin des années 1990, cette maison mérite amplement son classement comme monument.

Ludovic Recchia

Sources
Promenade au parc, dossier découverte n° 2, p. 13.
Recchia Ludovic, «L'ancienne faïencerie des Frères Boch et le futur Centre Keramis» dans La Louvière. Le patrimoine d’une métropole culturelle, p.90-91.
Matthys André & Sarlet Danielle, Le patrimoine monumental de la Belgique-Wallonie : Hainaut. Arrondissement de Soignie. Vol. 23/1., 1997, p.407.