Maison Poste

Qu'est-ce qu'une maison ? Pierre Hebbelinck semble être parti de cette interrogation, à une époque où, après nombre de transformations, quatre habitations à construire lui étaient échues, pour dégager une « éthique de la conviction » de la problématique du logis unifamilial isolé. 

Au départ de contradictions assumées (désir de ville, désir de campagne), le programme a été scénarisé en exacerbant une tension entre l'agrégat compact d'espaces de vie surdéterminés par un budget étroit et une vision culturelle de l'inscription du bâti dans son contexte, transcendée par l'approche, vers 1992, de cas de figure comme Rietveld ou Melnikov. 

La réalisation qui en résulte colle aux nécessités de vivre là, dans des conditions ramenées à l'essentiel, jusqu'à l'absence de meubles, grâce à des rangements savamment intégrés à l'architectonique interne de la maison, tout en collant à des aspirations d'un autre ordre, avec la puissante envie d'échapper aux modèles dominants, par exacerbation des modalités d'entaille des masses de base, dans une écriture exaltée par une sophistique et des artefacts déniant sans vergogne les attendus de l'urbanisme réglementaire. 

La géométrie et l'agencement en résultant, du détail à l'implantation, conjuguent les plaisirs de l'habitat à l'impérative remise en question de l'habiter – sur le plan philosophique –, dans un jusqu'au-boutisme inventif qui charge de sens le choix d'une couleur comme les fonctionnalités les plus triviales, la spécificité de chaque ouverture comme les interactions avec le reste du monde.

Raymond Balau