Plateau des Trixhes

Grâce à l'initiative de Théodule Gonda, ancien mineur et syndicaliste devenu bourgmestre, le plan d'urbanisation de la commune natale d'Émile Parent permet de mettre en pratique la réforme du cadre de vie ouvrier, défendue dans la revue L'Équerre. 

Bien que modeste, ce plan d'aménagement va former l'embryon de la vision urbanistique développée par les quatre jeunes architectes modernistes pour l'aménagement de l'agglomération industrielle liégeoise dans les années 1940 et 1950. La localisation de secteurs résidentiels aérés sur les plateaux surplombant la vallée industrialisée de la Meuse constitue une réponse globale à la croissance de l'agglomération inspirée par la collaboration des architectes avec le Séminaire de géographie de l'Université de Liège, dirigé par Omer Tulippe. 

L'implantation de rangées de logements est-ouest et la séparation des circulations témoignent d'abord de l'influence de la pensée fonctionnaliste des Congrès internationaux d'architecture moderne (Ciam), dont le Groupe L'Équerre assume le secrétariat de la section belge depuis 1935. Mais, dans les années 1940, le projet est réorienté autour des principes d'unité de voisinage mixte et de réseau piéton paysager, inspirés par les urbanistes américains Clarence Perry et Clarence Stein. 

Un secteur résidentiel composé de quatre unités de voisinage articulées autour des équipements communautaires et d'espaces publics piétons est présenté au Ciam VIII à Hoddesdon en 1951. Seule la première unité de voisinage de 2 000 habitants sera construite à partir de 1950 pour la Société coopérative La Maison des Hommes. Elle devient un modèle de l'Administration de l'urbanisme et la Société nationale des habitations et logements à bon marché (SNHBM) pour L'implantation des groupes d'habitations. Elle rassemble de nombreuses typologies de logements – immeubles à appartements de deux étages sans ascenseur, immeubles à étages multiples avec ascenseur, maisons mitoyennes en rangée, villas individuelles bourgeoises –, mais aussi des équipements scolaires, culturels et de cultes, tous construits par le Groupe L'Équerre dans les années 1950, 1960 et 1970 autour du réseau d'espace piéton. 

Malheureusement, les immeubles de logements bordant la partie sud-est de ce réseau n'ont jamais été réalisés ou ont été détruits, et le plan de circulation a en partie été modifié, de telle sorte que la trame piétonne a perdu une partie de sa continuité.

Geoffrey Grulois