Cette maison-studio pour un paysagiste, même si elle peut apparaître radicale à première vue, se distingue vite par la sensibilité de son inscription dans le site, par la grande attention apportée aux cheminements d'approche et aux parcours intérieurs, par la valeur contemplative des situations créées ainsi que l'étude soucieuse du confort des différentes fonctions.
Construit en béton armé clair et lisse, le volume monolithique de la maison s'élève avec la même force que les vénérables arbres de haut port qui habitent ce vaste versant boisé. La posture architecturale est forte, elle prend d'un coup toute la mesure du site. Le volume puissant s'installe avec doigté, s'appuyant sur un repli naturel du versant, relié au jardin pentu par une passerelle et articulé au relief par l'espace en creux du porche d'entrée, épousant la pente avec son escalier d'accès et épaulé par le socle net du jardin géométrique établi en terrasse.
Dans un second mouvement, le monolithe se décroche vers la vallée, mis en lévitation, s'avançant vers la vue, protégeant un espace extérieur d'arrivée. Ensuite, la disposition des baies prend sens à partir de chaque espace intérieur, sélectionnant des perspectives avec une omniprésente attention pour le vécu ; chaque baie est nourrie d'une intention.
Les façades de béton clair reçoivent les ombrages changeants des arbres environnants, en révélant ainsi l'échelle et l'atmosphère, scellant ainsi la maison comme un élément à part entière du paysage.
Aloys Beguin
Sources |
---|
«Maison Delsemme» dans Architrave, n° 154, décembre, 2005, p.7-10 |
S. Tamborini, «Haus am hang» dans International Magazine of Design, n° 46, février, 2006, p.46-51 |
Dominique Pieters, «Flirter avec la gravité» dans A+, n° 198, février-mars, 2006, p.54-56 |