Maison Vinchent

Habitée encore aujourd'hui par la petite fille du commanditaire et son époux, lui-même pharmacien, cette demeure est empreinte de nostalgie. Jusqu'aux papiers peints, absolument rien n'a changé depuis sa construction. 

Cette pharmacie 1900, qui fonctionna in situ jusque dans les années 1980, a conservé son mobilier d'origine, ses murs recouverts de carrelages émaillés avec frises Art nouveau, son officine pour les préparations, instruments et matériel scientifiques. 

Le commerce proprement dit occupe le rez-de-chaussée d'un avant-corps formant une aile perpendiculaire au reste de la construction détachée de la rue. Celle-ci arbore une façade pignon, à corniche saillante normande, donnant à l'habitation des allures de cottage. L'entrée privée se situe latéralement, à l'abri des regards. L'allure pittoresque de cette demeure, insolite dans cette contrée industrieuse du Borinage, rappelle l'orientation empruntée par de nombreux architectes de l'Art nouveau lorsqu'ils  devaient construire dans des zones de villégiature. 

Entre l'achat du terrain en juillet 1904 et la fin des travaux, quatre années furent nécessaires pour réaliser cette imposante habitation bourgeoise dotée de commodités telles que le chauffage central et le téléphone. Dans les combles, Bodson installa une citerne à eau de pluie ainsi qu'un logement pour le personnel de maison disposant de zones de circulation dissociées de celles des maîtres. 

La maison est entourée d'un vaste jardin, de potagers et de dépendances où l'on élevait jadis des animaux de ferme. La générosité des espaces intérieurs, notamment de la salle à manger et son salon de musique, la richesse des matériaux de finition utilisés (sols en marbre, pierre de Soignies), le raffinement des stucs, les boiseries et les remarquables vitraux Art nouveau rendent ce lieu unique.

Ludovic Recchia