Ouverte au culte en 1930, la chapelle Sainte-Lutgarde est construite par Arthur Brancart, directeur des Verreries de Fauquez. Bâtie par et pour un maître d'œuvre autodidacte, la chapelle surprend par son éclectisme, une juxtaposition étonnante d'éléments décoratifs bigarrés. Elle constitue cependant un témoignage exceptionnel de l'utilisation d'un édifice religieux à des fins publicitaires.
En effet, parallèlement à sa fonction cultuelle au sein du hameau de Fauquez, la chapelle est destinée à valoriser la marbrite, un verre opacifié coloré dans la masse et imitant le marbre, produit phare des verreries locales durant l'entre-deux-guerres.
À l'origine, le plan se composait d'une nef à quatre travées avec abside semi-circulaire. Un jubé surmontait la première travée. Protégeant un perron double, un portique au fronton triangulaire se détache de la façade, rehaussée d'un clocher.
Désacralisée et désaffectée en 1977, en raison d'une prétendue faiblesse structurelle, la chapelle subit, dès lors, d'importantes dégradations. De cette époque date également la disparition des vitraux. Deux d'entre eux ont pu être conservés, l'un au musée de Louvain-la-Neuve, l'autre dans l'actuelle chapelle du hameau. Rachetée en 1990 par un particulier, la chapelle Sainte-Lutgarde est sauvée de l'abandon et rénovée avec des matériaux d'origine. Elle est alors transformée en habitation privée, couplée à un espace à vocation culturelle.
L'étude de la chapelle doit être replacée dans l'histoire du vaste complexe que constituaient les Verreries de Fauquez, situé sur deux communes, Ittre et Braine-le-Comte, et deux provinces, le Brabant et le Hainaut. À côté des bâtiments industriels, l'ensemble comprenait des cités ouvrières, deux maisons directoriales et des équipements collectifs.
Parmi ceux-ci, une remarquable salle des fêtes ornée de l'inscription « Bien travailler, bien s'amuser » qui, au même titre que la chapelle, témoignait de la spécificité du modèle social incarné par Arthur Brancart. Quant à l'intérêt patrimonial des maisons directoriales, il est double.
Au-delà de leurs murs extérieurs richement enduits de cimorné, un revêtement original constitué de débris de marbrite, ces demeures témoignent d'un usage quasiment exclusif de la marbrite dans la décoration d'un intérieur bourgeois de l'entre-deux-guerres.
Benoît Goffin
| Sources |
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| Poletti A., Marbrite Fauquez. Un produit verrier de lentre-deux-guerres, image de marque dune entreprise familiale. |
| Lemesre Olivier, Contribution à létude de larchéologie industrielle : les verreries Fauquez. Apport urbanistique et idées sociales dArthur Brancart (1902-1934). |
| Lucia Gaiardo & Billen Claire, Les maisons en marbrite et cimorné en Wallonie. |
| Delmotte C. & Quairiaux B. & Bruaux J., «Fauquez au temps dArthur Brancart» dans Lorsque Ronquières mest conté, n° 26. |
| «La chapelle de verre» sur le site Ronquières, en ligne http://www.ronquieres.org/chapelledeverre.html, consulté le 15/11/2013. |
| Joris Freddy, «Projets et expériences de réaffectation du patrimoine religieux» dans Les cahiers de lUrbanisme, n° 35-36, septembre, 2001, pp.48-59. |
| Norman Anne, «Une chapelle sauvée de l'oubli» dans Les Nouvelles du Patrimoine, n° 101, juillet-août-septembre, 2003, p.40-41. |