Lanotte André

1914-2010

Archéologue, ordonné prêtre en 1940 et nommé chanoine en 1955, écrivain, propagateur de l’art moderne mû par les conséquences de la Seconde Guerre mondiale et par l’incidence du concile Vatican II (1962-1965), André Lanotte a porté dans le diocèse de Namur et Luxembourg le mouvement de rénovation de l’art sacré. 

Cette mission, qui s’est prolongée près d’un demi-siècle dans d’autres contextes, a débuté par une période de relèvement autour de 1950 et une autre de renouveau à partir de 1960, en résonance à des expériences novatrices en Allemagne, en France, dans les pays scandinaves ou en Suisse dès l’Interbellum, en affinités intellectuelles et esthétiques avec le mouvement porté en France par les pères Marie-Alain Couturier (1897-1954) et Pie Raymond Régamey (1900-1996), chevilles ouvrières de la revue L’Art sacré, avec lesquels il est entré en contact vers 1946-1947. 

Érudit, opiniâtre, doué d’un solide jugement de goût et d’une indéniable autorité, amateur de paradoxes et infatigable perfectionniste, André Lanotte a été chargé par son évêque, en 1945, de la restauration ou de la reconstruction des cent soixante églises du diocèse endommagées par l’offensive dite Von Rundstedt. 

Ancrée dans l’architecture du temps, loin des pastiches en vogue dans le clergé, son oeuvre a été ponctuée de temps forts, à commencer par la rencontre de Roger Bastin dans le cadre du chantier de Sainte-Alène à Bruxelles, et ensuite la publication, en 1950, de la présentation d’un « effort diocésain » dans la revue L’Art d’Église. Il faut signaler son implication dans l’exposition « L’Art sacré d’aujourd’hui » à l’abbaye de Maredsous, en 1958. 

Il œuvrait dans un esprit de compagnonnage, avec des architectes comme Roger Bastin et Jacques Dupuis, Lucien Kroll, Charles Vandenhove ou Dom Grégoire Watelet, et un grand nombre d’artistes au sens large, notamment Gaston Bertrand, Zéphir Busine, Philippe Denis, Yvonne Gérard, Jean Lambert-Rucki, Bernadette Lambrechts, Yvonne Perin, Maurice Rocher, Émile Souply, Max van der Linden, Jean Willame et d’autres. 

Fustigeant Orval et révérant Manessier, il a confié au père Marie-Alain Couturier, un artiste proche de Matisse et de Le Corbusier, la réalisation d’un programme de fresques et de verrières dans l’église du Sacré- Coeur à Saint-Servais. Mais l’aventure artistique et spirituelle la plus ample, il l’a menée avec Louis-Marie Londot, menant à bien des dizaines de chantiers de polychromie architecturale ou de vitrail. 

Parallèlement à sa carrière d’enseignant (l’École sociale et l’Art sacré au Grand Séminaire de Namur), conservateur du Musée diocésain de Namur, André Lanotte s’est également investi du côté de l’Académie luxembourgeoise, de l’Académie royale de Belgique et de la Commission royale des monuments, sites et fouilles, de même que dans l’association Namur 80 qui a promu la rénovation urbaine, avec en point d’orgue la restauration de l’Arsenal de Vauban à Namur, avec Roger Bastin, s’opposant plus tard aux vues traditionalistes de Mgr Léonard.

Raymond Balau